Avec l’avènement des connexions haut débit, nous pensions que le web allait supplanter la télévision en terme de contenus vidéos. Plus pratique, plus performant, mieux ciblé… les portails proposant des contenus vidéo ont commencé à fleurir et à petit à petit transformer nos moniteurs en écrans vidéo, à l’image du portail CNN. De même, les dernières techniques d’affichage permettaient aux designeurs de concrétiser leurs rêves les plus fous avec des mises ne page particulièrement audacieuses comme celle de WonderWall (MSN expérimente des nouveaux formats pour ses magazines en ligne).
Mais entre temps, l’iPhone est arrivé… puis l’iPad… et tous leurs concurrents. À partir de ce moment, il n’a plus été question de contenus vidéos (trop lourds pour le réseau de téléphonie), mais de contenus textuels monétisés (L’avenir des magazines numériques est-il à l’HTML5 ?). La multiplication des formats nous a alors replongé dans une période sombre que nous pensions révolue (4 feuilles de styles pour 4 expériences de lecture). Les tablettes sont maintenant définitivement rentrées dans le quotidien des internautes, et leur adoption ne va qu’accélérer avec la mise sur le marché de tablettes low-cost à moins de 200 €.
Nous sommes maintenant dans une configuration de marché où la dichotomie web / mobile n’est plus vraiment d’actualité, car le spectre des formats ne cesse de s’élargir : de 3,5″ à 5″ pur les smartphones, de 7″ à 11″ pour les tablettes, de 11″ à 15″ pour les ordinateurs portables (sans oublier les écrans en retina display d’Apple), de 17″ à 27″ pour les ordinateurs de bureau, à partir de 29″ pour les TV connectées…
Pour accélérer le travail d’intégration et pour baisser les coûts, mais surtout parce que les formats publicitaires traditionnels ne fonctionnent plus réellement, certains sites comme Amazon et Ebay ont commencé à adopter des mises en page hybrides pour faciliter l’affichage sur les tablettes. Une approche audacieuse qui en a visiblement inspiré d’autres.
Un certain nombre de sites proposent maintenant non pas une mise en page hybride, mais une mise en page directement adaptée aux tablettes. La tendance semble donc s’être inversée avec une nouvelle vague de sites HTML5 tablet first (par analogie avec mobile first), à commencer par le journal USA Today avec sa navigation latérale et sa structure tout en hauteur :
Plus intéressant, les blogs ReadWrite et TheNextWeb qui proposent des barres de navigation minimalistes et une liste des articles sur la gauche de l’écran :
Vous noterez que cette mise en page n’est pas sans rappeler les dynamic views de Blogger et notamment le mode Sidebar de Blogger. Un choix de conception radical qui privilégie avant tout le confort de lecture sur tablettes (nous ne nous en plaindrons pas) en laissant la part belle aux contenus, comme sur le magazine Quartz.
Au final, est-ce qu’on y gagne ? Oui, indéniablement. Car si la lecture à l’écran est grandement améliorée grâce à une bien meilleure exploitation de la surface d’affichage (plus de distraction et de multi-colonage), la consultation sur grand écran est indiscutablement plus agréable, et l’adaptation sur smartphone en responsive design est forcément plus rapide. Il est amusant de constater que si les cinq années de croissance folle des smartphones ont laissé les concepteurs froids (l’approche mobile first est encore un débat très sensible), il n’aura fallu que deux ans aux tablettes pour s’imposer d’elles-mêmes comme le format de référence pour les mises en page : 2013 sera l’année du tablet first.
Toujours pas convaincu ? Allez donc faire un tour chez Nike pour changer d’avis.